Un départ douloureux

" J'avançais, tremblante, dans le tunnel que m'avait désigné le jeune lycan. Il faisait si sombre qu'il m'était difficile de voir où je mettais les pieds. Mes yeux m'étant d'aucune utilité, j'utilisais mes autres sens de façon à pouvoir bondir au moindre bruit suspect.
Il devait me rester quelques heures avant de trouver ce que j'étais venue chercher : l'épée de mon frère, Sasuke Uchiwa, décédé peu de temps avant. Son arme avait été cachée dans le fin fond d'une montagne afin que seul le guerrier qui la trouvait, au péril de sa vie, pourrait avoir la faculté de l'utiliser. Moi, je ne voulais pour rien au monde laisser cette arme dévastatrice aux mains du premier venu. Je rêvais de la posséder, d'avoir ne serait-ce qu'un souvenir de celui qui m'avait toujours protégée. J'étais entrée dans le tunnel depuis plusieures heures, voire plusieurs jours je ne sais plus. J'avais perdu la notion du temps; je ne dormais plus et ne trouvais rien pour satisfaire ma faim.
Epuisée, je m'accroupis quelques instant, les mains au sol servant d'appui. C'est alors que je sentis des choses étranges sur le terrain. Je fermais les yeux tout en les inspectant grâce à mon toucher quelque peu développé.
La peur me rattrapa, l'angoisse agrippée à mon ventre. J'avalai ma salive et retoucha de plus belle les objets inconnus. Je ne m'étais pas trompée, il s'agissait bien d'os, des os de jeunes guerriers devrais-je dire : le crâne n'était pas encore à sa taille d'adulte.
Je me relevai d'un coup et me remis en marche, de plus en plus tremblante. A peine avais-je fait quelques mètres qu'une flamme passa au dessus de mes oreilles. Une histoire que j'essayais alors d'oublier me revint à l'esprit : lorsque le dragon rouge contre lequel je ne pouvais rien faire m'avait dérobée et que Cutk était venu me rechercher. Je me retournai en direction de la provenance du feu et flaira une odeur nauséabonde. Sans réfléchir, je fis demi-tour au pas de course ignorant où celà pouvait bien me mener. La bète me suivait, j'entendais ses pas lourds se rapprocher. La peur était bien de nouveau en moi, je n'arrivais pas à l'éviter. Puis, les griffes du dragon m'attrapèrent la taille et je me vis projetée contre une paroi proche de la sortie. Je revoyais enfin le jour, mais dans quel état ? Mon ventre saignait, je me vidais peu à peu de mon sang. Utilisant mes dernières forces, je me mis à ramper jusqu'à la demeure des ombres qui n'était pas très éloignée de la sortie du tunnel. Inquiets par mon état, ils décidèrent de demander de l'aide aux magiciens blancs, seules personnes sur les Terres Argentées capables de me sauver la vie.

C'est ainsi que je dus quitter la demeure de celui qui m'est le plus cher, inquiète par ce qu'il pourrait faire pendant mon absence. Néanmoins, la confiance que je lui accorde me permettra de vivre cette étape avec calme et sérénité."

La jeune Louve déposa alors son journal dans la commode de sa nouvelle chambre; chambre qu'elle garderait pendant un long moment.