J'avançais dans la pénombre, depuis de longues heures déjà, en quête du célèbre château des Ombres dont on m'avait tant parlé. Je ne connaissais que son propriétaire, Luciole ... les autres se faisant plus discrets. J'avais rencontré leur chef plusieurs mois auparavant sur la place publique. Nous nous détestions avant même d'avoir essayé de nous connaître davantage. Puis il y eut ce déclic. Ce grand changement que je ne peux décrire. Nous avons commencé à discuter calmement, sans nous envoyer des projectiles en pleine figure comme ferait un vieux couple. Non. Nous commencions enfin à trouver un chemin d'entente. Et il y eut cette sensation. Cette sensation étrange que je commençais à ressentir à l'intérieur de moi-même. Je tremblais d'excitation avant même de le voir arriver, je frissonnais lorsqu'il s'adressait à moi de sa voix mélodieuse. Je n'avais jamais connu cela par le passé. L'amour. Une chose inconcevable pour une demoiselle comme moi. L'amour. Ce sentiment merveilleux qui entraîne avec lui la jalousie et ... le chagrin. Aimer quelqu'un qui ne semble pas avoir les mêmes pensées pour vous. Aimer quelqu'un qui fait autant la cour à vous qu'aux autres femmes. Vient alors ce sentiments de mépris, de méchanceté. Vouloir simplement la mort de toutes ces jolies filles traînant autour de lui. Vouloir être la meilleure, celle qui est au dessus des autres. Se faire remarquer. Je suis alors devenue acarîatre, hodieuse ... méchante. Voilà la dernière chose que je souhaitais. Mais je n'étais pas en quête du château fantômatique pour cette raison. Je savais que Luciole aurais du mal à avouer l'amour qu'il me porte ... J'étais juste là, sous cette pluie battante, pour venir discuter dans un endroit calme. Loin de l'agitation habituelle qui régnait sur la place publique. La demeure fantômatique se dressait devant moi. Effrayante, certes ... mais quelque chose de magique se dégageait laissant la curiosité prendre la place de l'effroi. Je poussai la porte du grillage, puis me dirigeai vers la porte d'entrée. Tout semblait désert, sans un seul signe de vie. Je me décidai tout de même à entrer, sans frapper, par la grande porte d'entrée qui donnait sur un hall encore plus gigantesque. L'ambiance semblait froide. Pas un murmure, pas un bruit. C'était comme si le château s'était vidé de toute vie. Cependant, je préférai m'assurer de mon hypothèse et criai :
<< Bonsoir ... Y'a quelqu'un ? Je ... Je suis une connaissance de votre chef. Luciole. >>